Designer slovaque à l’immense talent, Igor Kupec se démarque par les choix de ses projets, souvent étonnants. C’est le cas avec sa dernière création : matérialiser les maladies mentales à l’aide de typographies savamment sélectionnées. Surprenante au premier abord, cette thématique s’explique par le fait que l’artiste a connu une période de troubles psychologiques, qu’il décrit lui même comme « délicate mais enrichissante ». De cette époque, il en a donc tiré une drôle d’inspiration à la croisée de la typographie et de la vulgarisation des troubles mentaux.

Typographies expressives

Concrètement, Igor Kupec a sélectionné une typographie particulière afin d’illustrer au mieux chacun des troubles mentaux qu’il traite. L’anorexie, l’insomnie, l’addiction sont donc formalisés par le biais d’une police à chaque fois unique. Pour « Anorexy » par exemple, les lettres sont fines presque effacées à certains endroits. « Bipolar » est, quant à lui, écrit en gris pour ses première lettres et en noir pour les dernières. Le seul trouble qu’il n’est pas parvenu à retranscrire ? Le sien… En outre son aspect pédagogique est bienvenue. Les maladies mentales sont encore trop souvent entourées d’un tabou qui entretient une forme d’incompréhension donc de peur. Les formaliser en des typographies adaptées permet donc de les appréhender avec plus de clarté et avec une forme de distanciation bienvenue qui dédramatise ses maladies. Ce postulat autorise donc une approche plus sereine et apporte même une légère poésie à ces maladies pourtant handicapantes.

Inspiré, Igor Kupec intrigue et captive avec ses typographies malades. Toujours bien sélectionnées, les typographies s’accordent à merveille aux troubles qu’elles évoquent. Cependant, une maladie lui a été impossible à retranscrire : celle dont il a lui même été sujet, l’anxiété généralisée. Comme quoi, certains démons ont la peau dure.

 

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