En ces derniers jours de novembre, la nécessité de laisser son esprit vagabonder est vitale afin d’échapper à la grisaille ambiante et à la morosité qui l’accompagne. C’est ce que propose l’artiste Thomas Lamadieu, également appelé Roots Art, qui se sert du ciel comme d’une feuille à dessin pour nous amener dans un univers tendrement grotesque dans lequel transpire une obsession de donner à voir le vide et le faire vivre.
Architectures humaines
Lamadieu profite des perspectives verticales offertes par l’architecture d’immeubles pour y représenter des êtres humains ainsi que des animaux à l’aspect parfois grotesque. Le dessin peut paraître enfantin mais il n’en est rien. En observant attentivement ces créations, une foule de détails nécessitant une précision d’orfèvre se laisse en effet découvrir.Nous y rencontrons ainsi une sorte de Zack Galifianakis bien planqué entre plusieurs constructions qui nous tire la langue et se sert de ses mains pour voir. Un peu plus loin, une femme à la mélancolie palpable, assise sur un toit, semble attendre sans y croire vraiment le prince charmant. Et si vous croisez une poule au cou de girafe et aux yeux exorbités ne cédez pas à la panique, elle est très affectueuse.
Composition technique
Nous constatons également l’utilisation de différentes techniques de dessins. Thomas Lamadieu opte pour des traits vifs, réceptacles d’une nervosité certaine afin de dessiner un homme, lointain cousin de Raspoutine. Cette façon de procéder fait évidemment penser au travail d’Hugo Pratt en moins aboutit bien sûr. Mais Lamadieu ne se limite pas à cette approche technique en se montrant adepte d’une alliance composée de pointillisme et de dessin classique basé sur une utilisation du vide afin de dessiner un chat monté par un barbu aux pieds nus. En outre, Lamadieu montre un goût prononcé à se placer en héritier d’une tradition caricaturale grotesque ainsi qu’en témoigne cet homme au cigare imposant, attablé seul, ou la poule que nous évoquions plus haut. Ce cher Roots Art dispose donc d’une palette technique des plus fournies.
Mélancolie
Un doux spleen se dégage de ces illustrations teintées à la fois d’exagération grotesque et de détresse à l’égard de cet enchevêtrement de solitudes croquées dans un ciel autorisant tous les possibles. Au carrefour de nombreuses inspirations (BD, caricature…), Thomas Lamadieu dessine à n’en pas douter une production tout à fait originale et personnelle. Une bouffée d’air rafraichissante dans laquelle la grisaille du mobilier urbain n’est pas une barrière à l’imagination mais libère au contraire la nécessité de s’en échapper par la grâce de la création.
